Initiative citoyenne #Stop Finning – Stop the trade

Jeudi 11 mai 2023 – Débat au Parlement Européen.

Vous avez été plus d’1 million à vous mobiliser et à donner vos votes pour interdire le commerce des ailerons de requins. Cette mobilisation citoyenne a été portée au Parlement qui a débattu sur cette proposition.

Virginijus SINKEVIČIUS, Commissaire européen pour l’environnement « …Nous regarderons en détail les aspects du commerce, des douanes et des contrôles de la pêche pour proposer une réponse à cette initiative citoyenne européenne. Il est vrai que la législation européenne est très avancée, il est vrai aussi que le marché asiatique est le principal marché pour les ailerons. Cependant, l’UE est un acteur majeur puisque représentant 15% des prises mondiales. La réalité est qu’il y a un problème avec les requins et que nous devons prendre nos responsabilités. Nous devrions être force de solutions plutôt que de faire partie du problème ou d’être que de simples observateurs. La commission se prononcera sur ce sujet d’ici juillet 2023. »

Lors des débats, l’Espagne s’est montrée réticente (égale à elle-même, puisqu’elle avait déjà obtenu des dérogations pour continuer le finning alors qu’une loi européenne avait été promulguée pour stopper cette pratique barbare)

« L’initiative n’apporte rien de nouveau à la durabilité des pratiques de la flotte européenne.  Au contraire, elle impose de nouvelles restrictions aux professionnels du secteur, ce qui entraînera une pression plus importante sur les espèces de la part d’autres flottes qui pratiquent la pêche aux ailerons.  Les flottes d’autres parties du monde n’y sont pas soumises. Ainsi, la Chine, le Japon ou la Corée continueront de bloquer les nouvelles mesures et de continuer leurs pratiques en Haute mer. «  Izaskun BILBAO BARANDICA, Espagne

« Si nous le faisons et l’arrêtons, ce que nous provoquerons, c’est laisser ce marché en dehors de l’UE, où ce dernier est plus important. Ici, dans l’UE nous ne représentons qu’un petit pourcentage du trafic mondial des ailerons de requin. » Gabriel MATO, Espagne

Traduction Sauvegarde des Requins.

Notre association soutient l’initiative.

Les « attaques » de requins 2022

#CITESCoP19

Nouvelle conférence des parties pour une régulation du commerce des espèces du 14 au 25 novembre 2022 au Panama

#PROPOSITION #37 D’AMENDEMENT

Carcharhinidae spp. (Requins-requiem) : inscription à l’Annexe II

Proposition
19 espèces en danger critique d’extinction ou en danger : Inscription du requin gris de récif (Carcharhinus amblyrhynchos), du requin sombre (C. obscurus), du requin tiqueue (C. porosus), du requin du Gange (G. gangeticus), du requin gris (Carcharhinus plumbeus), du requin de Bornéo (Carcharhinus borneensis), du requin-baliai (Carcharhinus hemiodon), du requin Carcharhinus leiodon, du requin-citron faucille (Negaprion acutidens), du requin de récif (Carcharhinus perezi), du requin bécune (Isogomphodon oxyrhynchus), du requin Carcharhinus signatus, du requin nez blanc (Nasolamia velox), du requin nez noir (Carcharhinus acronotus), du requin à joues blanches (Carcharhinus dussumieri), du requin Carcharhinus obsoletus, du requin Carcharhinus cerdale, du requin Lamiopsis tephrodes et du requin Lamiopsis temminckii à l’Annexe II.

+ 35 autres espèces pour des raisons de ressemblance :

Inclusion de toutes les autres espèces dans la famille des Carcharhinidés (requins carcharhiniformes) : genre Carcharhinus, genre Isgomphodon, genre Loxodon, genre Nasolamia, genre Lamiopsis, genre Negaprion, genre Prionace, genre Rhizoprionodon, genre Scoliodon, genre Triaenodon et toute autre espèce putative de la famille Carcharhinidae à l’Annexe II.

Lien vers le document de travail

ACTUALITES #37

17/11 : La proposition a été adoptée (2/3) à bulletin secret par 88 voix pour, 29 contre et 17 abstentions et doit passer en session plénière. Si l’amendement est adopté, un délai de 12 mois sera alors accordé avant son application.

#PROPOSITION #38 D’AMENDEMENT

Proposition
Le présent document propose l’inscription de Sphyrna tiburo, communément appelé requin-marteau tiburo, à l’annexe II de la CITES.
Le document propose également l’inscription de toutes les autres espèces de la famille des Sphyrnidae (requins-marteaux) qui ne sont pas déjà inscrites à l’annexe II de la CITES, dont: Sphyrna media, Sphyrna tudes, Sphyrna corona, Sphyrna gilberti, et Eusphyra blochii, ainsi que de toute autre espèce non encore identifiée de la famille des Sphyrnidae, à l’annexe II.

Lien vers le document de travail

ACTUALITES #38

17/11 : Proposition adoptée par consensus. En attente aussi de la session en plénière.

#PROPOSITION #39 D’AMENDEMENT

Proposition
Inscription des raies Potamotrygon wallacei et Potamotrygon leopoldi à l’Annexe II.

Potamotrygon wallacei est une espèce de raie endémique du bassin moyen du Rio Negro, en Amazonie brésilienne, qui présente une grande spécificité d’habitat (Oliveira et al., 2017 ; Duncan et al., 2016) dans les petits ruisseaux et les forêts inondables (igapós) (Araújo, 1998 ; Carvalho et al, 2016a).
Potamotrygon leopoldi est également une espèce de raie endémique présente dans le Rio Xingu et deux de ses affluents, en Amazonie brésilienne ; elle vit sur les fonds rocheux des cours d’eau (CharvetAlmeida, 2006).

Lien vers le document de travail

ACTUALITES #39

En cours …

#PROPOSITION #40 D’AMENDEMENT

Proposition
Il est proposé d’inscrire la famille des Rhinobatidae (poissons-guitares) à l’annexe II.

La famille des Rhinobatidae comprend 37 espèces de poissons-guitares ; 35 s’entre elles sont en déclin, 23 figurent dans la Liste rouge des espèces
menacées de l’UICN comme étant En danger et 10 sont En danger critique d’extinction.
Il est proposé d’inscrire les six espèces en danger critique d’extinction suivantes à l’Annexe II : Acroteriobatus variegatus, Pseudobatos horkelii, Rhinobatos albomaculatus, Rhinobatos irvinei, Rhinobatos rhinobatos, Rhinobatos schlegelii.
L’identification des parties et produits de poissons-guitares dans le commerce étant difficile, la présente proposition vise à inscrire toutes les autres espèces de la famille des Rhinobatidae à l’Annexe II.

Lien vers le document de travail

ACTUALITES #40

18/11 : L’inscription du poisson-guitare a été adoptée par 101 voix pour, 14 voix contre et 13 abstentions.

Les attaques de requin pour l’année 2021

Une consultation publique pour quoi faire M. le Préfet ?!

Lettre au Préfet suite à la décision de valider l’arrêté malgré l’avis du public.
Monsieur le Préfet,
Le site de la préfecture vient de publier le résultat de la consultation publique que vos services ont organisée, à propos du projet d’arrêté visant à reconduire pour trois ans la pêche aux requins tigres et bouledogues dans les zones de protection renforcée (ZPR 2A) de la Réserve Naturelle Nationale Marine de la Réunion.

Le résultat est sans appel :

751 avis émis provenant de La Réunion et hors Réunion,

658 avis (près de 83%) sont défavorables à cet arrêté préfectoral,

45 avis (6%) sont favorables.
Pourtant cela n’a pas empêché la préfecture de promulguer dès hier l’arrêté en question (arrêté préfectoral n°2671 du 28/12/21).
En clair, la seule préoccupation de l’Etat à la Réunion est de tuer du requin, tous les requins tigres et bouledogues qu’il peut capturer dans les eaux réunionnaises.
L’avis du public, il s’en fiche éperdument. Celui des scientifiques, itou. Excusez du peu…..
Cette issue était prévue d’avance.
Le directeur du Centre Sécurité Requin – dont la présidente n’est autre que la sous-préfète de Saint-Paul – n’avait-il pas déclaré dans la presse du 18 novembre 2021 que l’arrêté serait de toute façon reconduit quel que soit le résultat de la consultation ?

Par conséquent il s’agit bien d’une consultation « bidon » qui ne fait pas honneur au Préfet que vous êtes. Le seul but de l’Etat était de s’assurer un cadre légal qui faisait défaut dans le précédent projet d’arrêté, ladite consultation étant obligatoire.
Cette façon d’agir n’est pas tolérable dans une démocratie telle que la nôtre.
Inutile de vous dire que nos associations attaqueront l’arrêté en question au tribunal administratif dans le délai légal de deux mois.


Didier DERAND
Représentant du Collectif d’Associations
Sauvegarde des Requins – Requins Intégration – Shepherd France – Longitude 181 – One Voice – Association pour la Protection des Animaux Sauvages (ASPAS) – Tendua pour la sauvegarde de la biodiversité – Le Taille-Vent – Vivre Activement pour Garder Un Environnement Sain (VAGUES)

Le Centre Sécurité Requin a-t-il vocation à détruire les écosystèmes de nos lagons ?!

Le 15 décembre, un père et sa fille font la rencontre d’un requin juvénile d’espèce indéterminée d’environ 1m50 et un peu trop curieux, dans le lagon de Saint-Pierre du côté de Ravine Blanche. Le requin les aurait « chargés » mais a aussitôt fait demi-tour sans autre conséquence.

La presse locale s’empare immédiatement de l’affaire : certains médias parlent alors d’une attaque d’un requin bouledogue d’au moins 2m, voire même d’un adulte, en plein dans le lagon…..Haro sur le dangereux prédateur !

La CIVIS interdit jusqu’à nouvel ordre la baignade et les activités nautiques sur les plages du centre-ville à la Ravine Blanche. 

Et dès le lendemain, le Centre Sécurité Requin (CSR) sort la totale à Ravine Blanche : activation du protocole requin, survol de drones, pêche au filet au beau milieu des coraux, et opérations de pêche « ciblées » à la palangre (drumline) derrière la barrière corallienne.

Las, le juvénile ne s’en laisse pas conter : « Selon le CSR, le requin, cerné par le filet des pêcheurs, a déployé suffisamment d’énergie pour s’échapper du piège et rejoindre le large, suivi par un des pêcheurs affectés aux drumlines » (Quotidien, 18/12/21).

On ne vous fait pas un dessin sur le piétinement du corail (formellement interdit) occasionné par les pêcheurs en train de courir après le requin avec leur filet….

Pourtant le 16 novembre, sur la page Facebook « Observations Requins 974 », Christophe Perry, coordonnateur du programme de pêche du CSR, expliquait déjà à quel point ce type de pêche est destructeur  dans le lagon de Saint-Pierre :

« C’est une fièvre pour pêcher au filet, ce lagon de St-Pierre. Corail en forme, et roches partout, pas de fond, pas mal d’autres espèces qui risquent d’y passer si on laisse un trémail la nuit…..Compliqué cette zone, casser le corail et pêcher d’autres espèces, ça passera pas et on va s’en prendre de partout » (sic).

Mais cela ne les a pas empêché de lancer la pêche au filet dans le lagon dès le 16 décembre ! Résultat des courses : 2 requins tigres massacrés au large. Mais de juvénile, point.

Au fil des jours, ledit public, lassé par l’interdiction de baignade en pleine chaleur, et sans doute révolté par cet abus de pouvoir manifeste et des mesures disproportionnées, retourne à l’eau malgré le drapeau rouge.

Arrive le 24 décembre, jour de Noël. Une coïncidence ? Alors que la plupart des gens sont occupés à préparer les fêtes et à faire leurs derniers achats, le CSR décide ni plus ni moins de venir installer en douce un autre filet maillant, dans le lagon du centre-ville cette fois.

Installé à demeure, sur une trentaine de mètres en direction du platier récifal, il est destiné à pêcher jour et nuit. Que le filet – à mailles fines – se prenne dans le corail et le brise, qu’il capture au passage tous les petits poissons du lagon (balistes, poissons cochers, poissons papillons,….) qui restent prisonniers des mailles, ce n’est visiblement pas leur problème : il faut tuer ce fichu requin juvénile !

La « légalité » de l’opération pose également question. 

Certes, le CSR bénéficie pour ce faire de dérogations de la DMSOI (Direction de la Mer Sud Océan Indien) à l’arrêté préfectoral consolidé n°1742 du 15 juillet 2008 sur la pêche professionnelle, lequel précise en son article 23 (pêche dans les lagons) :

« L’ensemble des plate-formes récifales de l’île (communément appelées « lagon ») comprenant les chenaux d’arrière récif et les platiers coralliens, depuis la plage jusqu’à la barrière de corallienne, constitue une réserve de pêche. A l’intérieur de la réserve de pêche, seules la pêche du capucin nain et la pêche à pied à la ligne sans moulinet (pêche à la gaulette) sont autorisées, de jour et sur les seuls fonds sableux, dans la limite de 25 mètres de la ligne des plus hautes eaux ».

Mais cela n’autorise nullement le CSR sous le prétexte de pêche au requin, à détruire les écosystèmes coralliens de nos lagons ! Les petits braconniers ne font guère « mieux »……

Alors me direz-vous : mais que fait la police ? Ben rien, vu que le président du CSR n’est autre que la sous-préfète de Saint-Paul. Le CSR, protégé par l’Etat, a donc tous les droits…..

Et soyez contents braves gens : tout ça, c’est avec votre « pognon ». Le CSR ne fonctionne qu’avec de l’argent public.

Depuis, heureusement, les choses sont rentrées dans l’ordre. Des représentants de l’Association Citoyenne de Saint-Pierre se sont émus de l’affaire et ont clairement dit leur façon de penser au pêcheur qui était venu inspecter le filet le soir du 24 décembre.

Le lendemain, plus de filet dans le lagon du centre-ville. Dont acte. Jusqu’à la prochaine sans doute. Car en matière de coups pendables, le CSR n’en est pas à ses débuts.

Faut-il rappeler en effet que depuis 2018, le CSR s’est rendu coupable de près de 166 infractions à la réglementation (une paille !) à l’occasion de pêches aux requins dans les zones de protection renforcée 2A et dans les sanctuaires de la Réserve marine de la Réunion ?

Plainte a été déposée par nos associations auprès du Procureur de la République. L’affaire est toujours en cours. A suivre.

On signalera pour finir des contradictions évidentes dans le discours du directeur du CSR Willy Cail. Alors que le Quotidien du 18/12/21 décrit clairement l’opération de pêche au filet en cours à Ravine Blanche, M. Cail affirme le 27 décembre sur le site ImazPress qu’aucun filet n’a été utilisé sur ce site, mais bien « une opération de pêche sans filet, à l’aide d’hameçons, complétée par une technique d’encerclement par drones ».

Affirmation contredite à nouveau par le Quotidien du 28/12/21 qui titre, en parlant de Ravine Blanche : « Le filet anti-requins retiré demain ? » ……

Alors qui ment ? Qui essaie de balader le public ?

Une chose est certaine : nous continuerons à surveiller les agissements du CSR comme le lait sur le feu. Ces gens-là se croient décidément tout permis.

Les petits braconniers, on leur colle des amendes, et on les met éventuellement en prison. Allez donc leur expliquer désormais le pourquoi du comment, et « comment ça se fait que le CSR, lui, il ait le droit de….. ?». On vous souhaite bonne chance.

Didier DERAND, Représentant du Collectif d’Associations :
Sauvegarde des Requins – Requins Intégration – Shepherd France – Longitude 181 – One Voice – Association pour la Protection des Animaux Sauvages (ASPAS)- Tendua pour la sauvegarde de la biodiversité – Le Taille-Vent- Vivre Activement pour Garder Un Environnement Sain (VAGUES)

crédit photo : Association Citoyenne de Saint-Pierre

Non à la pêche aux requins dans les zones de protection renforcée

Une consultation du public est en cours jusqu’au 20 décembre 2021. Elle concerne l’avenir de la Réserve Naturelle Nationale Marine de La Réunion, notre patrimoine à tous .

20 jours seulement pour s’exprimer!

Depuis le début de la pêche en 2013, l’Etat a déjà liquidé 571 requins dans les eaux réunionnaises : 171 bouledogues et 400 tigres (données publiées au 31 octobre 2021).


Mais cela ne lui suffit pas, il en veut toujours plus. Il lui faut désormais tuer tout requin observé, y compris dans les zones les plus protégées de la Réserve marine.
Cette destruction systématique n’est pas acceptable, et ce pour de multiples raisons.

Quand il a été consulté – ce qui n’a pas toujours été le cas – le Conseil Scientifique de la Réserve marine a toujours émis des avis très défavorables à la pêche aux requins dans les zones de protection renforcée (ZPR) de la Réserve marine. Le préfet les a hélas toujours superbement ignorés.

La première étude de « l’effet réserve » (synthèse du 19 janvier 2017) a montré en effet que le repeuplement en poissons est encore loin d’être acquis, et que les massifs coralliens se sont fortement dégradés du fait de la dégradation générale de l’environnement littoral de l’Ouest de la Réunion. Il importe donc de protéger encore plus les écosystèmes coralliens de la Réserve marine. L’Etat, lui, fait le contraire…..

L’Etat peut donc déjà tuer du requin sur 60% de la Réserve. Et il voudrait 95% ?!

Pourtant la pêche dans ces zones protégées n’est nullement une nécessité puisqu’elle est déjà possible et pratiquée dans les zones de protection générale (ZPG), qui représentent 50% de la Réserve marine. Les zones de protection renforcée ne représentent que 45% (10% pour les ZPR 2B, réservées à la pêche professionnelle ; 35% pour les ZPR 2A), et les zones de protection intégrale ou sanctuaires seulement 5%.
L’Etat peut donc déjà tuer du requin sur 60% de la Réserve. Et il voudrait 95% ?!
Alors réserve marine ou réserve de pêche préfectorale ?!

L’Etat laisse clairement entendre que la Réserve marine porterait une responsabilité dans les accidents, un discours constamment asséné par une majorité de pratiquants du surf. Or il n’en est rien. Dans son avis du 9 février 2017, le Conseil Scientifique « rappelle que les attaques ont principalement eu lieu là où se pratiquent les activités de surf, sur des zones où la géomorphologie récifale le permet, grâce à une discontinuité du récif, ce qui est le cas de Boucan Canot (et des autres spots de surf en situation récifale). Cela n’a rien à voir avec le fait que ce soit une ZPR ou une ZPG ».

D’ailleurs, tant l’étude CHARC (2011-2014) qu’une étude plus récente (Soria et al, 2019) ont démontré que la répartition spatiale des requins bouledogues – l’espèce impliquée dans les accidents – était centrée à l’extérieur de la réserve et non à l’intérieur.

S’agissant du protocole « rigoureux » dont l’Etat s’enorgueillit et de l’interdiction de pêche en zone de protection intégrale, on ne peut que constater la violation systématique de ces dispositions par le Centre Sécurité Requin (CSR).
Sur les 4 dernières années en effet, le Conseil Scientifique a relevé près de 166 infractions aux arrêtés préfectoraux sur la pêche en réserve et à la réglementation de la réserve marine à l’occasion de pêches du CSR en ZPR 2A ou en sanctuaires !! Preuve s’il en était besoin que le préfet est incapable de contrôler les agissements du CSR.
Une procédure en justice est d’ailleurs en cours, 5 associations de notre Collectif ayant déposé plainte au pénal contre « X » pour ces faits.

La politique de l’Etat est d’autant plus absurde que depuis 2018 :

  • Les requins tigres, qui ne sont quasiment pas impliqués dans les accidents (un seul accident répertorié par le CSR en 10 ans), représentent 31% des captures, soit 5 fois plus que les bouledogues,
  • Les prises accessoires représentent 62% des captures !

S’agissant des deux espèces de requins ciblées – le bouledogue et le tigre – elles sont inscrites sur la liste rouge de l’UICN avec le statut quasi-menacé.
Et des études génétiques récentes (Pirog et al, 2019 ; Bernard et al., 2021) sont venues souligner l’urgence à protéger les requins tigres. Car détruire systématiquement cette espèce dans les eaux réunionnaises impacte toute sa population Indo-Pacifique Ouest.
Or, il est important de le rappeler : il n’a jamais été démontré scientifiquement que la pêche aux requins dans les ZPR 2A diminuait le risque requin.

Les prises accessoires, elles, sont vitales pour la restauration de la biomasse dans la Réserve marine : carangues, mérous, barracudas, raies, autres espèces de requins, etc…..
Par ailleurs, on y trouve de nombreuses espèces menacées ou en voie d’extinction : grande raie guitare, requins marteaux, raie pastenague à taches noires, requin nourrice fauve, tortue verte, etc….
Pour mémoire, au 31 octobre 2021, le CSR avait capturé plus de requins marteaux halicornes (55), en danger critique d’extinction, que de requins bouledogues (51).

Certes, il se targue de relâcher « vivantes » 82% des prises accessoires, soit une mortalité directe de 18%. Mais ces taux ne préjugent en rien de la survie réelle des prises accessoires, en particulier celles relâchées « fatiguées » ou blessées.
Les requins marteaux halicornes par exemple sont extrêmement sensibles à la capture et ne survivent que très peu de temps. S’ils ne sont pas tout simplement dévorés par d’autres prédateurs.

A contrario, des solutions non létales efficaces existent déjà et ont été mises en œuvre (dispositif Vigie Requin Renforcé et équipements de protection individuels EPI pour le surf ; filets de protection pour la baignade).

Par conséquent, il est parfaitement inutile – et écologiquement dangereux – d’autoriser la pêche aux requins dans les ZPR 2A de la Réserve marine, simplement pour défendre le loisir égoïste d’une poignée de pratiquants du surf.
Ces campagnes punitives ne sont pas acceptables dans un pays dit « évolué » comme le nôtre.

                        D.Dérand pour le Collectif d’Associations :

Sauvegarde des Requins – Requins Intégration – Shepherd France – One Voice – Longitude 181- Association pour la Protection des Animaux Sauvages (ASPAS)- Tendua pour la sauvegarde de la biodiversité – Taille-Vent- Vivre Activement pour Garder Un Environnement Sain (VAGUES)

consultation du public

L’Etat recule sur la pêche aux requins

Communiqué de presse du collectif -Pour mémoire, quatre associations de notre Collectif (Sea Shepherd France, Longitude 181, One Voice, Taille-Vent) et l’association Vie Océane avaient déposé récemment un recours en annulation et un référé-suspension contre l’arrêté préfectoral n°1362 du 19 juillet 2021 organisant le prélèvement de requins tigres et bouledogues en ZPR 2A de la Réserve marine de la Réunion pour la période 2021-2023 (ZPR = zone de protection renforcée). Le référé-suspension a été jugé ce jour 6 octobre au tribunal administratif. Comme seule réponse à nos arguments, le préfet de la Réunion a transmis hier au tribunal un mémoire dans lequel il annonçait le retrait de l’arrêté attaqué. En clair l’Etat rendait les armes avant même de commencer le combat…..
Le plus effarant dans cette histoire, c’est que le préfet n’avance comme seule explication à sa décision que le prétexte d’une consultation du public, rendue obligatoire par l’article L.120-1 du code de l’environnement, qui aurait été « oubliée » par ses services.
Faut-il rappeler qu’en 2017, à l’époque de Cap Requin, une consultation du public avait déjà été organisée pour exactement le même motif : un projet d’arrêté visant à aller pêcher le requin en ZPR de la Réserve marine ? A l’époque plus de 10 000 courriels valides avaient été reçus, provenant majoritairement de La Réunion (mais aussi de métropole et de l’étranger : l’océan est un patrimoine commun de l’humanité), dont 7971 soit près de 82% étaient opposés au projet ! Le préfet avait donc renoncé à son projet d’arrêté. Ce qui ne l’avait pas empêché de prendre,
un an et demi plus tard, un arrêté (n°298 du 15 février 2019) pour lancer effectivement la pêche au requin dans les ZPR 2A de la Réserve marine ! Exit l’opinion du public….
Il prétextait alors (cf. les considérants de l’arrêté), une prétendue « concertation menée en 2018 avec le Conseil scientifique de la Réserve marine ». Il est vrai que le conseil régional, présidé à l’époque par M. Didier Robert, avait mené en 2017 le même genre de « concertation » en soumettant la Réserve marine à un odieux chantage : lui supprimer 230 000€ de son déjà maigre budget, pour la contraindre à accepter la pêche aux requins tous azimuts dans les zones de protection renforcée.
Actuellement le préfet justifie la continuation de la pêche au requin dans les ZPR 2A de la Réserve marine par le fait que le précédent arrêté, celui de 2019, n’ayant pas été abrogé, il court encore jusqu’au 31 décembre 2021. Ce qui est déjà discutable.
Une nouvelle consultation du public sera donc organisée avant cette date. Il importe de rester extrêmement vigilant sur les dates de cette consultation, sachant que la transparence n’a jamais été le fort ni de la préfecture ni du Centre Sécurité Requin.
Notre but est, clairement, de stopper la destruction des requins partout à la Réunion, et au moins dans les ZPR 2A de la Réserve marine.
Pour le reste, le public saura que suite aux 166 infractions à la réglementation de la Réserve marine dont s’est rendu coupable le Centre Sécurité Requin depuis 4 ans, infractions constatées par le Conseil scientifique de ladite réserve, nos associations ont déposé 5 plaintes contre « X » auprès du procureur de la République. Ces plaintes sont actuellement en cours d’instruction.

Didier DERAND
Représentant du Collectif

l’Etat braconne sur « ses » propres terres !

Madame la Sous-préfète de Saint-Paul
Présidente du Centre Sécurité requin

Madame la Présidente,

Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions d’agréer Madame la Présidente, l’expression de nos sentiments respectueux.

Par le biais d’une auto-saisine rendue publique et d’un courrier aux autorités (PJ 1 et 2), le Conseil scientifique de la Réserve Naturelle Nationale Marine de la Réunion (RNNMR) s’est récemment ému de constater que les pêcheurs du GIP Centre Sécurité Requin (CSR, ex-CRA) s’étaient apparemment rendus coupables de près de 166 infractions à la réglementation de la RNNMR à l’occasion de pêches illégales dans les zones de protection renforcée (ZPR 2A) et dans les sanctuaires (zones de protection intégrale, ZPI) de ladite réserve.

On aurait pu croire que cela mettrait un frein, au moins pendant quelques temps, au programme de destruction massive des requins tigres et bouledogues mis en place par l’Etat français dans les eaux réunionnaises depuis 2013, et plus particulièrement dans la RNNMR depuis 2019 (arrêté préfectoral n° 2019-298 du 15 février 2019, PJ 3). Il n’en a rien été.
Un mois plus tard, jour pour jour, le Préfet de la Réunion prenait un nouvel arrêté (n° 2021-1362 du 19 juillet 2021, PJ 4) reconduisant la pêche aux requins dans les ZPR 2A de la réserve marine jusqu’en 2023…..
Etant donné le niveau alarmant d’infractions constaté par le Conseil scientifique de la RNNMR, nous souhaiterions par conséquent avoir accès aux informations et documents administratifs suivants du GIP Centre Sécurité Requin (CSR) :
Relevés de positionnement des balises des bouées GPS satellitaires qui ont déclenché un message d’alerte de capture, depuis le 29 mars 2018. Ces relevés sont à priori fournis par la société Isi-Fish à Concarneau, qui a vendu lesdites bouées au CSR.
Photos et vidéos que les pêcheurs missionnés par le CSR ont obligation de prendre à titre de preuve lorsqu’une capture intervient, depuis la même date.

Nous aimerions souligner que ces informations et documents administratifs sont librement accessibles au public.
Les deux arrêtés préfectoraux précités (article 5) prévoient en effet que :
Des photos et vidéos soient prises pour chaque opération ciblée de prélèvement,
Il soit effectué un suivi géo-localisé de chaque opération ciblée de prélèvement,
L’ensemble des données soit capitalisé et partagé avec le GIP RNNMR, ce qui n’a visiblement jamais été le cas puisque le Conseil scientifique vient de découvrir le « pot aux roses »…..
A la fin de l’opération, le CSR communique au public l’ensemble des démarches menées et les résultats de l’opération ciblée.

A cet égard, nous ne pouvons que regretter l’attitude du CSR dans cette affaire. En effet :
La géolocalisation des prélèvements s’effectuait sur le géo-portail « SEXTANT Océan Indien » de l’Ifremer : https://sextant.ifremer.fr/ocean-indien
Suite à l’alerte lancée par le Conseil scientifique de la RNNMR dans son auto-saisine du 19 mai 2021, le CSR n’a rien trouvé de mieux – pour tenter peut-être de faire disparaître les preuves du forfait – que de demander à l’IFREMER d’effacer toutes ses données de son site (PJ 2), en violation des dispositions de l’arrêté préfectoral !
Une belle preuve de la fameuse « transparence » dont le CSR ne cesse de se vanter auprès des médias de la Réunion et sur son site info-requin.re……

A vous qui êtes la Présidente à la fois de la RNNMR et du CSR, nous ne ferons pas l’offense Mme la Sous-Préfète de rappeler les dispositions de l’article 10 de l’arrêté préfectoral : « Les infractions au présent arrêté exposent leurs auteurs aux poursuites et peines prévues par l’article L.5242-2 du code des transports », soit un an d’emprisonnement et 150 000 € d’amende…..

En clair, l’Etat braconne sur « ses » propres terres !


Didier DERAND
Représentant du Collectif

Le Collectif d’Associations
Sauvegarde des Requins – Requins Intégration – SeaShepherd Conservation Society – Longitude 181 – One Voice – Association pour la Protection des Animaux Sauvages (ASPAS) – Tendua pour la sauvegarde de la biodiversité – Taille-Vent
Vivre Activement pour Garder Un Environnement Sain (VAGUES)

Quand le Centre Sécurité Requin braconne dans la réserve marine….

Une fois n’est pas coutume, le Conseil Scientifique de la Réserve Naturelle Nationale Marine de la Réunion (RNNMR) est sorti récemment de sa réserve pour alerter publiquement les autorités sur les pratiques de pêche illégales du Centre Sécurité Requin (CSR, ex-CRA) à l’intérieur de la réserve, jusque dans ses sanctuaires les plus protégés.

En effet, si la pêche professionnelle est autorisée dans les zones de protection générale et dans les zones de protection renforcée externe (ZPR 2B, situées plus au large), elle est formellement interdite dans les ZPR 2A (zones situées dans la partie la plus construite de l’édifice récifal, de 0 à -30m de profondeur) et à fortiori dans les zones de protection intégrale : les fameux sanctuaires, en très petit nombre.

Le Conseil Scientifique de la Réserve Marine a donc publié le 19/05/21 une auto-saisine reprise par le journal Le Monde du 14/06/21, puis a adressé le 19/06/21 un courrier à ce sujet aux autorités locales et nationales. 

En dehors du JIR (article du 16/06/21), aucun média à la Réunion ne s’en est fait l’écho, illustrant une fois de plus le parti pris des médias réunionnais pour la destruction systématique des requins tigres et bouledogues menée par l’Etat français dans nos eaux.

Mais que s’est-il passé exactement ?

L’arrêté préfectoral n° 1742 du 15 juillet 2008 modifié, réglementant l’exercice de la pêche maritime professionnelle dans les eaux de la Réunion, et l’arrêté préfectoral n° 298 du 15 février 2019, autorisent de manière dérogatoire la pêche des requins tigres et bouledogues dans les ZPR 2A, uniquement dans le cadre de dispositifs post-attaque ou post-observation (lorsqu’un requin a été observé de manière certaine).

L’arrêté n° 298 stipule, en son article 5 : « L’opération ciblée de prélèvement (…) s’effectue au moyen de la technique de palangue ancrée, dite palangue verticale avec alerte de capture, dans les zones de protection renforcée de niveau 2A, hors platiers récifaux. Aucune pêche n’est permise en zone de protection intégrale ».

Le même arrêté précise en son article 10 : « Les infractions au présent arrêté exposent leurs auteurs aux poursuites et peines prévues par l’article L.5242-2 du code des transports », soit  un an d’emprisonnement et 150 000 € d’amende.

Le problème, c’est que le CSR – qui bénéficie visiblement de protections en haut lieu – se croit tout permis et s’autorise toutes les libertés vis-à-vis de la réglementation. 

Sur ces 4 dernières années en effet, le Conseil Scientifique a relevé près de 170 infractions aux arrêtés préfectoraux précités et à la réglementation de la réserve marine à l’occasion de pêches du CSR en ZPR 2A ou en sanctuaires !! Une paille…

Quand on sait que l’Etat fait – à juste raison – la chasse aux « petits » braconniers dans la réserve et que la justice n’hésite plus à les condamner à de fortes amendes voire à des peines de prison ferme, on reste stupéfait de voir que ce même Etat français – qui pilote le CSR – se permet de braconner ouvertement (il n’y a pas d’autre mot) dans ladite réserve !

Evidemment, le sous-préfet de Saint-Paul étant à la fois président de la réserve marine et président du CSR, cela facilite bien les choses dès lors qu’il s’agit d’exonérer le CSR de ses propres turpitudes : ce dernier a les coudées franches et fait ce qu’il veut dans la réserve, avec l’argent du contribuable, et au mépris du droit commun et de l’intérêt général…

Ce scandale a été découvert de la manière la plus simple qui soit. En effet, l’IFREMER publie sur le portail SEXTANT Océan Indien des cartes sur lesquelles figurent les données du programme de pêche mené par le CSR en regard du zonage réglementaire de la réserve marine, en particulier les positionnements GPS, les dates et le type d’engin de pêche utilisé. Et ces données sont accessibles en consultation librement. Du moins elles l’étaient jusqu’à fin mai 2021…

Car depuis cette date, à la place des cartes en question, il n’y a plus qu’un écran vide. Selon Le Monde, le CSR aurait demandé à l’IFREMER d’effacer les pages en libre accès. Pourquoi se gêner en effet quand on a l’appui inconditionnel de l’Etat ?

A mourir de rire quand on sait que le directeur du CSR Willy Cail se targue sans cesse de la transparence la plus complète : « On est dans la transparence ! Nous n’avons rien à cacher » déclare-t-il au Monde. Rappelez-vous également la campagne de désinformation orchestrée par le même Willy Cail et le sous-préfet de Saint-Paul en décembre 2019 : « Le CSR se veut transparent face aux attaques » (JIR, 19/12/19).

Comme seule explication le directeur du CSR tente de se dédouaner en affirmant dans Le Monde que les positionnements GPS indiqués sur les cartes sont ceux des bateaux, pas des palangres. Et de dénoncer « une instruction à charge insolente de la part de gens qui ne savent pas lire des métadonnées » (sic).

Déjà la simple circulation des bateaux dans les ZPR 2A et dans les sanctuaires est formellement interdite. Nombre d’usagers de la mer ont été verbalisés par les agents de la réserve marine pour avoir traversé ces zones.

Par ailleurs, si aucun des 7 pêcheurs professionnels missionnés par le CSR n’était effectivement capable de se positionner en mer de jour comme de nuit, cela mettrait en cause non seulement leur professionnalisme mais encore leur propre sécurité.

Pire encore, cela montrerait qu’en fait les pêcheurs ne savent pas se servir d’un GPS et ne connaissent donc pas la position précise de leurs engins de pêche, ce qui serait grave pour le fonctionnement du programme de pêche financé, rappelons-le, par l’argent du contribuable.

Cela démontrerait également un manque total de suivi des opérations de la part de la direction du CSR.

Le CSR publie sur le site www.info-requin.re les synthèses des opérations de pêche et les rapports trimestriels des observateurs indépendants (RTO).

Or à chaque fois qu’ils étaient présents, ces observateurs ont mis en avant une conformité à 100% du système de suivi GPS, du respect des zones et des horaires, et du respect des réglementations de la part des pêcheurs. Bizarre, non ?

Ces derniers ont-ils reçu la consigne de pêcher dans les zones interdites en l’absence des observateurs ou l’ont-ils fait de leur propre chef ? Le directeur du CSR doit bien le savoir…..

Mais ce n’est pas tout.

Le CSR avait imposé aux pêcheurs, dans le cahier des charges, des préconisations concernant les hameçons, notamment l’utilisation d’hameçons en acier oxydable afin que, si l’hameçon était impossible à retirer, il puisse se dégrader assez vite au contact de l’eau de mer.

Cette exigence n’a jamais été respectée et a vite été abandonnée (synthèse n° 4, RTO n°1 à 4).

L’arrêté préfectoral n° 298 du 15 février 2019 stipule, en son article 5 : « Les appâts seront congelés préalablement, entiers, de taille et de poids supérieurs à 30 centimètres et 1 kilogramme, afin de limiter les prises sur les prédateurs de petite taille ».

Le non-respect systématique de ces dispositions par les pêcheurs a conduit le CSR à les abandonner pour la plupart – un comble – à l’exception de l’obligation de congélation pour laquelle les observateurs indépendants précisaient à partir du 20/04/19 (RTO n°4) : « La prescription concernant la congélation préalable des appâts, mal comprise par les pêcheurs, est maintenue dans le but de limiter l’attractivité des engins à un périmètre restreint ».

Las, dans les mois suivants, cette obligation a elle aussi été abandonnée pour des appâts plus attractifs (RTO n° 5), les pêcheurs étant probablement soucieux de rentabiliser leurs sorties et le CSR désireux de tuer plus de requins bouledogues : « Pas de contrainte sur la pré-congélation des appâts, les pêcheurs pourront ainsi utiliser les appâts fraîchement pêchés par leurs soins. (…) Des appâts vivants peuvent également être utilisés (…) ».

Pendant la seule année 2020 (synthèses n° 34 à 45), les pêcheurs ont déployé 2808 palangres verticales avec alerte de capture (PAVAC). Selon Le Monde, qui a interrogé le directeur du CSR, les pêcheurs sont rémunérés par le CSR 300€ pour le déploiement d’une PAVAC. Faites le calcul : il y en a pour 842 400€ ! Une moyenne de 70 200€ par mois.

Quand on sait (synthèse n° 50) qu’entre mars 2018 et le 1er mai 2021, il y a eu 104 930 heures de pêche cumulées – combien dans les ZPR 2A et dans les sanctuaires ? – on se rend compte que la pêche aux requins est une véritable mine d’or pour un petit nombre de personnes à la Réunion !! Allez chercher ensuite pourquoi ils ne veulent surtout pas que ça s’arrête…

L’arrêté préfectoral n° 298 du 15 février 2019 précise, dans ses considérants, que « cette autorisation temporaire [de prélèvement] se fait dans le cadre d’un protocole rigoureux, avec l’aval de la RNNMR (….) » (sic). Et il prévoit, en son article 5 : 

« L’opération ciblée de prélèvement, dont il sera fait un suivi géolocalisé, sera filmée (déploiement des engins ; captures). L’ensemble des données relatives aux positions et horaires de pêche, à l’état des appâts et aux captures réalisées seront capitalisées et partagées avec le GIP RNNMR. Des observateurs, gardes du GIP RNNMR ou mandatés par le [CSR], seront embarqués et formés pour s’assurer du suivi de l’opération et du respect des conditions d’intervention définies ci-dessus. A la fin de l’opération, le [CSR] communiquera au public l’ensemble des démarches menées et les résultats de l’opération ciblée ».

S’agissant des données, on sait ce qu’il en est advenu. 

Concernant le partage avec la réserve marine, et son aval, cela n’a évidemment jamais été le cas dès lors qu’il s’agissait d’opérations de pêche illégales, à fortiori dans les sanctuaires. La procédure de concertation est pourtant explicitement détaillée à l’article 3 de l’arrêté n° 298.

Les observateurs ne sont présents sur les bateaux de pêche que dans une proportion infime des sorties : entre 2.9% et 8.3% de l’effort de pêche.

Quant à la communication en direction du public, ledit public en jugera…..

Enfin on insistera sur l’impact éminemment destructeur de cette pêche aux requins dans les écosystèmes coralliens déjà très fragiles de la réserve marine de la Réunion.

Depuis le début de la pêche en 2013, ce sont pas moins de 532 requins tigres et bouledogues qui ont été tués et conduits à l’équarrissage. Un monumental gaspillage de biodiversité.

Du 29 mars 2018 au 30 mai 2021, le CSR, selon ses propres données :

  • a pêché 260 requins ciblés dont 47 requins bouledogues (6% des prises) et 213 requins tigres (29% des prises),
  • a surtout pêché…..475 prises « accessoires » (65% des prises), dont 89 sont mortes – soit un taux de mortalité minimum de 17% – et 39 ont été relâchées « fatiguées » : barracudas, carangues, mérous, murènes, raies, autres espèces de requins, etc….Sans compter les espèces en danger d’extinction ou vulnérables et inscrites à ce titre sur la liste rouge de l’UICN (requins marteaux, grande raie guitare, requin nourrice fauve, requin gris d’estuaire, tortue verte, etc…..).

Et il est important de le rappeler :

  • il n’a jamais été démontré scientifiquement que la pêche aux requins dans les ZPR 2A diminuait le risque requin.
  • l’étude CHARC a démontré que la répartition spatiale des requins bouledogues était centrée à l’extérieur de la réserve et non à l’intérieur.
  • les requins tigres ne sont quasiment pas impliqués dans les accidents : leur destruction ne sert que les intérêts financiers des pêcheurs et du CSR. La fameuse « crise requin » est d’abord « une crise bouledogue » selon les propres termes du directeur du CSR.
  • les 83% de taux de « survie » revendiqués par le CSR pour les captures accessoires sont sujets à caution. Les perturbations du métabolisme interne occasionnées par ces pêches sur les individus pris à l’hameçon ne sont pas négligeables et les conduisent vraisemblablement à la mort à plus ou moins long terme, en particulier pour ceux relâchés « fatigués » (infections, prédation, etc….). Or ces espèces, que la réserve s’efforce de protéger depuis sa création en 2007, sont essentielles pour les écosystèmes coralliens (prédateurs au sommet des chaînes alimentaires).

En conclusion de son auto-saisine, « le Conseil Scientifique de la Réserve Naturelle Nationale Marine dénonce un tel dysfonctionnement peu ou pas respectueux, ni de la réglementation, ni des procédures administratives, et qui met en jeu la pérennité de l’écosystème récifal réunionnais. Ceci est fort surprenant de la part d’une instance gérée par un GIP présidé par Monsieur le Préfet de la Réunion ».

La messe est dite. Au public réunionnais d’en tirer ses conclusions.

Collectif d’associations :
Sauvegarde des Requins – Requins Intégration – Shepherd Conservation Society – Longitude 181 – One Voice – Association pour la Protection des Animaux Sauvages (ASPAS) – Tendua pour la sauvegarde de la biodiversité
Vivre Activement pour Garder Un Environnement Sain (VAGUES)

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