Les données FAO
L’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (Food and Agriculture Organization of the United Nations) vient d’éditer ces statistiques pour l’année 2012.
Ces données concernent les captures débarquées déclarées.
FAO : « La FAO essaie autant que possible, avec le plus grand soin, d’assurer la qualité des données présentées dans cet Annuaire, en complétant les données communiquées par les pays par des informations provenant d’autres sources telles que: organes régionaux des pêches, projets de terrain, enquêtes indépendantes, documents rédigés par des spécialistes et sources extérieures au secteur des pêches. Néanmoins, la précision et la fiabilité des agrégats mondiaux des statistiques des pêches dépendent en dernière analyse de la qualité des sources nationales de données, des méthodes de collecte, de la périodicité de leur mise à jour et de leur présentation. La qualité des données halieutiques peut être fort inégale d’un pays à l’autre. Même si la FAO s’engage à améliorer constamment la qualité des données, il ne fait pas de doute que nombre d’autres améliorations peuvent être apportées. Toute contribution des utilisateurs des données à cet égard sera la bienvenue. »
Ces chiffres ne représentent qu’une tendance et un minima car ces données ne tiennent donc pas compte :
- de toute capture non déclarée pour différentes raisons : braconnage, omissions ou rejets pour respect des quotas, prises accessoires non ciblées donc rejetées à l’eau…
- des erreurs d’identification
- des pays qui n’ont pas les structures/outils/informations nécessaires à une bonne identification ou à des déclarations de captures…
De plus :
- certaines espèces ne sont identifiées que dans leur famille (spp)
- certains pays ne déclarent que le total « requins, raies, chimères »
Cependant, les outils, la sensibilisation a permis de rendre ces statistiques de plus en plus fiables et d’aider les organisations, pays à mettre en place des actions pour évaluer au mieux captures, stocks et préservation.
Les tendances
Dans le monde :
En 1950 : 273 965 tonnes déclarées, en 2012 : 765 422 tonnes déclarées.
La tendance est à la baisse depuis 2000, cette année a connu le chiffre en terme de captures le plus important depuis 1950. Depuis 1950, les captures enregistraient une augmentation constante et importante pour ensuite voir une baisse générale s’amorcer à compter de 2001 et enfin ( ?) descendre sous la barre des 800 000 tonnes en 2005.
Pourquoi une telle augmentation ?
Les engins de pèches deviennent de plus en plus efficaces et ne laissent aucune chance aux poissons « de passer entre les mailles du filet ». La pêche industrielle est alors en plein essor et concentre ses efforts sur les nouvelles technologies. De plus, dans les années 90, la population asiatique est de plus en plus nombreuse à pouvoir profiter des produits « requins » (et du coup de la soupe aux ailerons de requins) avec l’émergence de ces pays.
La baisse est-elle un bon signe ?
Des efforts, sous la pression des associations, sont réalisés pour protéger les requins ; la Cites, les quotas, par exemple, doivent permettre de diminuer la capture de certaines espèces de requins les plus menacées. Cependant, les requins sont aussi victimes des prises accessoires et leur protection ou les quotas à respecter ne les protègent pas.
Les lois pour leur protection sont régulièrement détournées ou simplement non respectées (cf : le détournement du finning)
Les populations de requins ont fortement diminué et face à cette surpêche elles n’ont pas le temps de se reconstituer. Aujourd’hui, les captures concernent de plus en plus les juvéniles.
Aussi, cette diminution est-elle due à une volonté commune ou simplement à une diminution de la population ?
Pourquoi les requins sont-ils plus sensibles à la surpêche que certaines autres espèces de poissons ? La nature n’a pas prévu un prédateur aussi « insatiable » que l’homme, aussi elle a pourvu le requin d’une biologie spécifique propre à son statut de super prédateur : croissance lente, maturité sexuelle tardive (plusieurs années), faible potentiel reproductif et longue gestation (des mois jusqu’à 2 ans).



L’Espagne se hisse désormais au 1er rang mondial en terme de capture, supplantant ainsi l’Indonésie, historiquement en tête. En effet, l’Espagne augmente ces captures d’environ 7,02% soit 6 910 T de plus, alors que l’Indonésie enregistre (officiellement !) une baisse d’environ 1,15% soit – 1 191 tonnes. Autres pays en augmentation dans ce top 5 mondial par rapport à 2011, l’Inde +6,70%environ, et les USA +5,09%environ.
Arrive en 6ème position Mexico puis l’Argentine, la Malaisie, l’Iran et le Nigéria.
Les espèces les + ciblées

Le requin peau bleue représente 13% des captures totales dans le monde. Cette espèce a toujours été très prisée par les pêcheries. Elle est considérée comme « quasi menacée » dans le monde. Captures : 114 829 t en 2011 et 92 708 t en 2010.
L’aiguillat commun (nom commercial : saumonette) : espèce classée « en danger » en France et dans les zones suivantes : pacifique NO, atlantique NO, atlantique NE, méditerranée. « Vulnérable » dans le monde. Captures : 14 435 t en 2011 et 12 559 t en 2010
Le requin à queue tachetée : espèce classée « quasi menacée » dans le monde. Captures : 10 128 t en 2011 et 9 698 t en 2010
Le requin taupe bleue ou mako : espèce classée « vulnérable » dans le monde (pacifique NE : « quasi menacée »). Captures : 12 002 t en 2011 et 10 287 t en 2010. En France, en 2010, ces captures représentaient 16 tonnes, 5 en 2011 et 1 en 2012.
La difficulté est qu’en protégeant une espèce au travers de quotas ou d’interdiction de pêches, d’autres espèces vont devenir la cible de ce commerce. De plus, ces espèces dites protégées sont toujours victimes des prises accidentelles, des filets ou autres dangers créés par l’Homme. Il est aujourd’hui nécessaire d’avoir une vision globale autant pour l’ensemble des espèces de requins que pour les océans eux-mêmes. Pour protéger les requins, il faut protéger les océans et pour protéger les océans, il faut sauver les requins. Se concentrer sur certaines espèces, c’est oublier la place de chacune dans cet écosystème complexe où tout organisme interagit. Nous devons opter pour une approche systémique pour la préservation de l’écosystème marin, seule approche à mon sens efficace sur du long terme.
La France


La France malgré une baisse se retrouve désormais en 2ème rang en Europe et 11ème position dans le monde, en effet le Portugal enregistre une baisse dans ces captures beaucoup plus importante.

Les français sont surtout friands des « saumonettes » et raies. Aussi, les pêcheries ciblent surtout la petite roussette, les émissoles et les raies.
La petite roussette est classée « préoccupation mineure » en France métropolitaine et dans le monde.
Les émissoles : les données sont insuffisantes pour estimer leur population et évaluer le degré de menace qui pèse sur les Mustelus. Dans le monde, l’émissole tachetée est classé « préoccupation mineure », l’émissole lisse « vulnérable ». Les émissoles sont devenues les nouvelles cibles suite à la protection de l’aiguillat commun.
Les raies : la raie fleurie et la raie bouclée sont considérées comme « vulnérables » en France métropolitaine et dans le monde comme « préoccupation mineure » pour la première et « quasi menacée » pour la seconde. Quant à la raie douce, les données sont insuffisantes pour la France et l’espèce est considérée comme « préoccupation mineure » dans le monde.
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Données : FAO et UICN
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