“Shark Week VS SharkFest”

Ou quand l’objectif “audience” prime quelles qu’en soient  les conséquences

Ci-dessous un article fort intéressant de George Burgess.

Traduction Sauvegarde des requins

En tant que Directeur du Florida Program for Shark Research et Conservateur de l’International Shark Attack File, je vous demande d’avoir un œil critique sur les titres et les teasers de chaque épisode. N’oubliez pas qu’ils sont avant tout faits pour capter l’audience. Et ils savent le faire. Si ces documentaires se sont améliorés au fil des ans, les stéréotypes, eux, sont toujours très présents. Mais si vous voulez en apprendre plus qu’une simple course entre Michael Phelps et un requin blanc, il existe d’autres moyens de se documenter sur les requins.

Les non-végétariens qui réussissent

Voici quelques-uns des stéréotypes les plus courants que les téléspectateurs entendront dans ce type de reportages. Et ce qu’il convient de comprendre lorsque les mots suivants sont utilisés :

Des tueurs sauvages = Prédateurs

Mortels  = Carnivores

Mangeurs d’hommes  = Attaque rarement les humains

Terreur = peur

Un prédateur féroce  = Un non-végétarien accompli

 Des eaux infestées de requins  = L’océan

Des machines à tuer  = carnivores efficaces

Une autre question à se poser lors de la lecture ou de l’écoute du teaser annonçant le documentaire, est de savoir si oui ou non le «biologiste marin» ou «expert requin» en est vraiment un. Une recherche rapide sur Internet devrait vous aider  à déterminer le niveau d’expertise de cette personne : Biologiste ou Shark Fan. Ensuite, vous pouvez décider de l’importance que vous pouvez accorderez aux propos tenus. Pour qu’une étude biologique ou une recherche scientifique soit considérée comme légitime, elle doit répondre à une question précise et poser des hypothèses. Observer un requin chasser une silhouette en néoprène qui ressemble à un phoque, jusqu’à ce qu’il bondisse hors de l’eau…n’est pas une étude scientifique.

Sur le rebond

Le requin blanc (les scientifiques n’utilisent normalement pas le terme « grand » requin blanc) est l’espèce emblématique de ces émissions et les termes « sensationnalistes » sont utilisés à toutes les sauces : « mangeurs d’hommes », « machine à tuer ».  La vraie nouvelle est que les populations de requin blanc aux Etats-Unis semblent en augmentation et c’est très bien. Ce lent rétablissement de sa population provient principalement des restrictions gouvernementales sur la pêche des requins blancs et à protéger leurs proies préférées. Les requins blancs ont été répertoriés comme espèces interdites à la pêche pendant deux décennies par le National Marine Fisheries Service, ce qui a éliminé la mortalité induite par l’homme du plus grand des requins prédateurs dans les eaux américaines.

Sans doute encore plus important encore, la Loi sur la protection des mammifères marins de 1972 a protégé les phoques, les lions de mer, les dauphins et les baleines ; le repas préféré d’un requin  blanc adulte. Ce qui a permis à ces espèces également vulnérables de retrouver une population normale. 1 bon point pour le Grand Blanc.

Avec ces augmentations de populations, les probabilités d’interactions entre les requins, les mammifères marins et les êtres humains sont bien entendu plus nombreuses. Les conflits sont susceptibles de se produire, et c’est le cas. Certains sont mineurs, tels que les phoques déféquant sur les bateaux et les quais. D’autres, comme l’augmentation des observations de requins blancs sur nos plages de baignade, sont plus réguliers.

Nous pouvons logiquement prévoir que cette dernière tendance entraînera plus de morsures dans l’avenir, bien que, par habitant, les chances d’être attaquées ne changent pas beaucoup, car les populations des deux parties augmentent. Cependant, connaître cette tendance permet aux humains de trouver des moyens de sécurisation car nous jouons avec des requins dans le même espace. Bien sûr, ce milieu marin appartient aux requins et aux phoques, alors c’est à nous de nous adapter.

Les vrais tueurs

Un sujet dont les reportages sur les requins sont peu susceptibles de couvrir est la relation entre les orques et les requins blancs. Bien que les biologistes de requins, comme moi, se réfèrent souvent aux requins comme prédateurs ultimes, le véritable sommet de la chaîne alimentaire appartient véritablement aux orques. (On peut aussi le faire valoir pour les cachalots).

Au cours des derniers mois, nous avons vu des requins blancs adultes morts échoués en Afrique du Sud. L’examen scientifique des carcasses révèle des morsures au ventre et que leur foie riche en huile manquait souvent. Une attaque similaire d’une orque sur un requin blanc a été observée en 1997 au large de la Californie. L’orque a été vue apparemment jouer avec le foie, en le poussant vers le haut et le bas de la colonne d’eau, après l’attaque. Les orques sont également connues pour attaquer les requins tigre, les raies Manta et les raies en général.

Faire connaissance avec leur famille

En regardant «Sharkathon» cette année, il est facile de penser que tous les requins sont des top prédateurs, mais cela est loin d’être la vérité. Certains requins sont plus bas dans la chaîne alimentaire et et se situent au milieu en tant que mésoprédateurs (prédateurs secondaires).Quant aux spécialistes du plancton, tels que le requin baleine, le requin pèlerin ou encore le et Requin grande-gueule se situent à un niveau trophique encore inférieur.

Les Manta, les raies et les poissons-scies, collectivement appelés batoïdes, sont des parents proches des requins. Ils partagent un squelette cartilagineux et des fentes branchiales (généralement cinq). La plupart des batoïdes ont des corps de requins aplatis qui ressemblent à des personnages de bande dessinée qui ont rencontré un rouleau compresseur. La plupart des batoïdes ont de petites dents conçues pour écraser les aliments, tandis que la plupart des requins ont des dents plus grandes et pointues qui sont capables de cisailler ou d’empaler des proies. Les fentes branchiales des requins se trouvent sur les côtés de la tête, tandis que celles des batoïdes sont situées au bas de la tête.

Ne tombez pas dans le piège

La seule finalité de ces documentaires est de faire du spectacle. Ils sont souvent plus proches de la télé-réalité que des documentaires traditionnels, et la plupart des épisodes n’entreraient pas comme documentaires scientifiquement rigoureux. Il est important de prendre du recul et de ne les considérer que comme un simple divertissement.

Source : ici

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